Un salon de l’automobile sans les plus grands constructeurs mondiaux peut-il encore revendiquer le nom de Mondial de l’automobile? Ce mercredi, la marque phare et éponyme de l’un des trois premiers groupes internationaux, Volkswagen, a en effet annoncé qu’il ne serait pas au Mondial de l’automobile, début octobre à Paris, via Autoactu.com.
« Volkswagen qui ne participe pas avec son propre stand, cela veut dire qu’ils ne sont vraiment pas là, souligne Flavien Neuvy, président de l’Observatoire Cetelem sur l’Automobile. Ce n’est pas une petite marque, on parle d’un constructeur qui vend beaucoup, notamment en France, ce n’est pas anecdotique »..
- Ford
- Infiniti
- Mazda
- Mitsubishi
- Nissan
- Opel
- Subaru
- Volkswagen
- Volvo
Ils seront présents au Mondial 2018 : Renault, Peugeot, Citroën, DS, Dacia, Toyota, Lexus, Seat, Skoda, Audi, Porsche, BMW, Mercedes, Jaguar, Land Rover, Hyundai, Kia…
Selon nos confrères de BFM Business, la participation du groupe FCA (Fiat, Alfa Romeo, Lamborghini…) reste incertaine à ce jour.
Pourquoi les constructeurs désertent-ils les salons ?
Parce que c’est cher : Participer à un salon automobile n’est pas une dépense anodine. Les marques doivent d’abord louer un espace à l’organisateur. En 2016, Le Monde évoquait un loyer de 180 euros/m2 hors-taxes (Renault ou Peugeot disposent habituellement d’un espace de près de 5000 m2, soit une facture supérieure à 800 000 euros). Ensuite, il convient de construire un stand, souvent spectaculaire, et de livrer les véhicules exposés. Enfin, chaque constructeur mobilise des dizaines de commerciaux et d’hôtes, chargés d’informer les visiteurs ou de sceller des ventes. En clair, l’enveloppe dépasse rapidement le million d’euros, même pour des constructeurs pour lesquels le marché hexagonal n’est pas prioritaire.
Parce que c’est difficile de se distinguer : Trop de nouveauté tue la nouveauté. S’il est certain que la presse et les visiteurs se précipiteront pour voir les cinq modèles vedettes de la 88e édition (par exemple, cette année, on devrait retrouver la Renault Clio 5 ou l’Audi A1 2), les marques secondaires peinent à attirer le chaland. Et ce, même s’ils présentent des véhicules inédits. Certains d’entre eux jugent donc plus astucieux de concentrer leurs dépenses marketing sur d’autres canaux, comme la création d’évènements dans les concessions ou l’achat d’espaces publicitaires. L’argument est d’autant plus sérieux que les habitudes des clients changent : autrefois, on se rendait dans un salon pour découvrir un véhicule du plus près ; aujourd’hui, on se fait une première idée sur internet.
Parce qu’il faut choisir : La Chine est désormais le premier marché automobile mondial. Les salons de Shanghai et Pékin sont donc devenus des rendez-vous essentiels aux yeux des marques. Au moment d’effectuer des arbitrages, le triptyque auropéen Paris-Francfort-Genève n’apparaît plus aussi incontournable qu’il y a dix ans. Volvo – détenu par le groupe chinois Geely – a ainsi choisi de ne participer qu’à un seul rendez-vous par continent. En l’occurrence, le salon de Genève, considéré comme le plus favorable aux affaires : l’évènement helvétique bénéficie d’une accès facile car il se situe près d’un aéroport, est moins vaste (facilitant ainsi la vie de la presse ou des représentants des marques) et n’est pas « dominé » par des constructeurs nationaux comme Paris ou Francfort.
L’an dernier, Jean-Claude Girot, le conservateur général de l’évènement, a annoncé de nombreux changements. D’abord, la réduction de la durée d’ouverture au public : de 16 jours, elle passe à 11 journées. Ceci aura pour effet de réduire les coûts pour les constructeurs. Ensuite, le salon espère attirer particuliers et professionnels avec un programme plus large : les deux-roues effectueront ainsi leur entrée au sein du Mondial, tandis qu’un hall entier sera consacré aux innovations high-tech (voiture connectée, autonome, etc.). Il faudra sans doute attendre la bilan de l’édition 2018 avant de juger de l’efficacité de ce positionnement renouvelé.