Ce n'est ni tout à fait une berline classique, ni un monospace, ni un faux 4×4 urbain (sport utility vehicle, SUV). C'est un nouvel « objet automobile » hybride. Mercredi 5 février au soir, Citroën a dévoilé, au Bourget (Seine-Saint-Denis), devant près de 5 000 personnes, son nouveau véhicule C4 Cactus.
Autant le dire d'entrée, cette voiture ressemble comme deux gouttes d'eau au « concept » qui avait été dévoilé par le constructeur le 5 septembre 2013.
Elle a l'apparence d'un SUV, mais la hauteur d'une berline. Dans le même temps, elle conserve ses barres de toit, qui lui donnent cet aspect baroudeur des SUV.
Elle dispose également d'« airbump », des protections molles en plastique installées sur les portes qui amortissent les chocs. Reste à vérifier à l'usage si cet élément, une innovation de Citroën, est utile ou relève du gadget.
Pour la marque aux chevrons, ce véhicule est important, car il « incarne la nouvelle orientation de la ligne C [C1, C3, C4, etc.] de la marque », explique Frédéric Banzet, son directeur général. Pas « low cost », mais plus abordable et sans chichi, cette ligne constutuera l'offre d'entrée de gamme du groupe PSA Peugeot Citroën.
Parallèlement, Peugeot monte en gamme pour séduire des clients plus classiques et conservateurs, tandis que la ligne DS doit capter avec ses véhicules de « luxe à la française » des conducteurs aujourd'hui davantage intéressés par les véhicules haut de gamme allemands.
LA BASE D'UNE CITADINE
Avec son design simple mais pas « cheap », son intérieur fonctionnel et spacieux, un coût à l'usage « optimisé » et son écran numérique, la C4 Cactus veut séduire des clients pour qui la voiture est davantage perçue comme un mal nécessaire qu'un objet de plaisir.
Incapable de proposer des véhicules à bas coût, ne disposant pas d'un outil industriel installé dans les pays où le prix de la main-d'œuvre le permet, Citroën cherche à définir une offre d'un rapport qualité-prix attractif, à l'image de ce que propose aujourd'hui Skoda.
Ainsi, comme la Skoda Rapid, la C4 Cactus va se positionner sur le marché des berlines traditionnelles. Cependant, tout comme Skoda, PSA a développé ce véhicule non pas sur la plate-forme (soubassement technique) des berlines du groupe (l'EMP2, que l'on retrouve sous la 308 ou la C4 Picasso), mais en allongeant et modifiant la plate-forme 1 de PSA, celle de la 208 ou de la 2008.
L'intérêt est double. Le véhicule est tout d'abord plus léger, puisque développé sur des modules d'une citadine. Son poids est de 935 kg, contre 1 135 kg pour une C4 classique ou 1 075 kg pour la dernière version de la 308 de Peugeot, qui avait réalisé un régime minceur de 140 kg par rapport à la précédente version.
L'effet sur la consommation est immédiat. Citroën indique que la C4 Cactus ne consomme que 3,1 litres aux 100 km en version diesel et émet, pour tous les moteurs, moins de 100 g de CO2. Des performances habituelles sur des citadines, moins sur des berlines.
COÛTS RÉDUITS, MARGES ACCRUES
Pour atteindre cet objectif, « nous avons dû faire des choix », indique M. Banzet. Le plus spectaculaire réside dans les vitres arrière. Contrairement aux berlines classiques, elles ne descendront pas, mais pourront simplement s'entrebâiller. Le choix est radical, mais a permis de libérer du poids et de l'espace dans les portes pour des rangements.
De même, la C4 Cactus inaugure les nouveaux essuie-glaces beaucoup plus performants développés par Valeo. Le liquide de nettoyage est diffusé par les essuie-glaces eux-mêmes et non aspergés sur la vitre.
« Cela paraît anecdotique, indique Anne Ruthmann, chef de projet C4 Cactus, mais cela permet de baisser la taille, et donc le poids, du réservoir de liquide de nettoyage. Nous avons réduit ainsi de 11 kg le poids de la voiture. »
Plus légère, la voiture sera également moins chère à produire. « Quand vous réduisez de 200 kg un véhicule, vous baissez forcément vos coûts », convient M. Banzet.
Les marges attendues sur ce véhicule, assemblé dans l'usine de Madrid de PSA – qui dispose d'une capacité de 200 000 véhicules par an –, devraient donc être également plus intéressantes.
FORFAITS AU KILOMÈTRE
En revanche, il faudra attendre le printemps pour que Citroën dévoile le prix de cette nouvelle berline. Il devrait se situer bien au-dessus du prix d'une citadine (dont les prix minimums tournent autour de 12 000 euros) et celui d'une berline (qui commence à 17 500 euros).
A la C4 Cactus s'ajoutera une nouvelle politique commerciale de la marque aux chevrons : celle-ci entend proposer des forfaits au kilomètre à ses clients.
« Aujourd'hui, beaucoup de clients ne veulent pas dépenser plus d'une certaine somme par mois pour leur voiture. Nous allons leur proposer des solutions clés en mains pour gérer au mieux leur budget automobile », indique Yves Bonnefont, le directeur adjoint de Citroën.
Ces forfaits pourront ainsi inclure l'assurance, le financement de l'achat, la maintenance du véhicule et la possibilité de remplacer ses « airbumps ».